Tempête Vania
Jeudi 13 janvier Les infos qui circulent depuis ce matin sont contradictoires. En effet, on devait être en alerte orange en fin de matinée, puis l'alerte a été repoussée, du coup je suis restée au boulot. Vers 14heures, le temps c'est complètement dégradé: la pluie et le vent ont vraiment redoublés de violence; de la fenêtre du bureau on voyait le cocotier se plier dangereusement. A 15heures, mon mari m'appelle:"La capitainerie a hissé le drapeau noir; il faut que tu rentres immédiatement!" Le drapeau noir signifie que le port est fermé, aucun bateau ne peut ni entrer ni sortir, et les plaisanciers doivent venir mettre leurs bateau en conformité cyclonique. Bon OK, le temps d'en informer mon boss et d'éteindre et débrancher mon ordinateur, et me voilà dehors. Là c'est la galère! D'habitude je met 10 minutes pour rentrer, là il me faut 40 minutes!! Mise à part le fait qu'en à peine 5minutes, je suis trempée, mais essayez de marcher quand vous prenez du vent à 90 km/h de face!! je faisais plutôt de l'avance à reculons. En arrivant à la marina, c'est le branle bas de combat sur les pontons! Tout le monde s'affaire sur les bateaux pour les mettre en conformité cyclonique. Car dans ce cas, il y a un système d'amarrage bien précis: il faut amarrer l'arrière du bateau aux aussières cycloniques, elles même rattachées aux chaînes, puis amarrer l'avant en double et lâcher les côtés. Cà c'est pour les bateaux amarrés aux catways, dans notre cas qui sommes en bout de ponton, il nous faut nous en éloigner, c'est à dire relâcher nos bouts côté ponton sur une longueur de 3m50 et raidir les aussières cycloniques côté mer. Ce qui a pour effet de nous désolidariser du ponton. Du coup on est coincé à bord du bateau. Donc quand j'arrive mon mari et mon fils sont en plein boulot . Et pas facile avec le vent qui souffle et la pluie qui aveugle. Mais tout se passe bien et vers les 18heures nous sommes en conformité, bien au chaud à l'intérieur du bateau. Ce qui est le plus impressionnant c'est le bruit que fait le vent: on a l'impression d'avoir un réacteur d'avion au dessus de la tête!!. Vendredi 14 janvier Dans la nuit, la tempête est passée en cyclone, puis au matin elle est redevenue tempête. Elle est bien capricieuse cette tempête!! La nuit a été calme, on a bien dormi. Au réveil pluie et vent sont au programme. Les rafales sont d'environ de 130 km/h Cà fait un boucan d'enfer. Le bateau tient bien; par rapport aux mono coques qui tanguent pas mal, nous on est plutôt à plat Mon mari sort un moment pour relâcher le bout d'avant qui est un peu trop tendu. A l'abri du port on ne se rend pas compte de ce qui se passe dehors, mais il paraît que dans la Baie de l'Orphelinat et sur la côte blanche c'est impressionnant!! Dommage qu'on soit consignés à bord, je ne pourrai pas faire de photos. Toute la matinée, on entend à la VHF, le personnel de la capitainerie donner des infos sur les bateaux dont les propriétaires ne sont pas venus. Dans ce cas, la capitainerie essaye de joindre les gens, et s'ils n'y arrivent pas, le personnel est habilité à prendre toutes les mesures nécessaires à la sécurité; et les propriétaires reçoivent un avertissement et une amende. 10h30: çà y est , on vient de l'entendre à la radio: on est en alerte rouge, le dernier stade de l'alerte, ce qui veut dire arrivée imminente de la tempête. La population est interdite de sortie; seuls ont le droit de circuler les véhicules de secours. Nous à bord, çà faisait déjà un bon moment qu'on avait senti que çà se dégradait. On reste donc à l'écoute de la radio et de la VHF. Les secours en mer sont déjà sollicité car dans la Baie de l'Orphelinat, un voilier à cassé son amarre et dérive vers les rochers. Ils arriveront à le récupérer. A bord çà va, le moral est bon; on a quelques fuites par çi, par là mais rien de grave; des joints de hublots à changer après la tempête. Le vent souffle maintenant à 100 km/h avec des pointes à 130; du vent d'est; avec des pluies très violentes; c'est impressionnant, surtout le bruit que çà fait. Le bateau tire sur les amarres, donnant des à-coups qui nous déstabilisent un peu, mais c'est rien comparé aux monocoques! J'ai le mal de mer, rien qu'en les regardant!!! La journée se passe tranquille. Cette tempête est très capricieuse dans sa trajectoire; les gars de Météo Nouvelle Calédonie sont un peu paumés, car la trajectoire change sans arrêt, donc difficile pour eux de nous donner des infos fiables. La tempête a d'abord touchée la côte est, puis elle a franchi la chaîne pour se retrouver à La Tontouta, où on l'attendait pas, détours sur Nouméa, puis elle re franchie la chaîne pour descendre au sud, sur Yaté et l'île des pins; puis elle revient sur nous, pour repartir plein sud!!! Elle zig zag sur la Grande Terre. Ce soir nous regardons les infos: beaucoup de communes sont isolées du fait des inondations; les rivières ont débordés, les routes sont coupées; des lignes électriques sont arrachées, ainsi que des arbres. A Nouméa, pas mal de rues sont inondées car les égoûts ont débordés, sur la place des cocotiers des arbres gisent au sol. Bref des images habituelles de tempête. Mais aucune victime humaine. Les centres d'accueil mis en place par les communes commencent à se remplir. Samedi 15 janvier La nuit n'a pas été très bonne. Vers 2heures du matin, il y a eu une renverse de vent, il souffle maintenant de l'ouest, et c'est pas bon du tout. Sous les bourrasques, les aussières cyclonique se sont tendues et allongées, ce qui fait que maintenant nous sommes collés au ponton. La mer s'engouffre dans la Baie, heureusement nous sommes protégés par la digue, mais malgré çà, on se fait sacrément chahuter Le bateau tremble de partout, et la mer qui vient taper les coques fait un bruit d'enfer. Vers 7 heure du matin la radio, annonce que la tempête s'éloigne d'où le changement de vent; l'alerte rouge est levée, nous pouvons à nouveau sortir. Le vent souffle vraiment très fort, aux alentours de 70:80 km/h. Sur la marina, çà s'active. On s'enquiert des nouvelles des voisins; les plaisanciers arrivent pour vérifier leur bateau, et les badauds se promènent. Ouf, çà fait du bien de sortir un peu et de pouvoir marcher! Dans la marina, pas trop de dégâts: 4 bateaux à moteurs ont coulés, car apparemment leurs pompes de cales ne se sont pas mise en route; les annexes se sont transformées en baignoire. De l'autre côté de la digue, à notre mouillage, la mer et le vent soufflent bien, mais les bateaux ont bien tenu. Il y a juste un trimaran qui était dans la baie d'à côté qui est venu s'échouer juste devant notre corps mort; bon pour lui plus rien à faire. Heureusement qu'on était pas là, car on se le prenait en plein dedans. La pluie s'est arrêtée et le soleil fait de timides apparitions. Notre bateau a bien tenu le coup, et de notre côté nous sommes restés complètement zen. A aucun moment nous ne nous sommes senti en danger. Nous avons eu de la chance d'avoir une place à la marina de Port Moselle, car pour ceux qui étaient à la marina de Port du Sud, çà ne s'est pas aussi bien passé. Il faut dire qu'elle est aussi beaucoup moins bien protégé, et que les bateaux au mouillage dans cette baie, ripent régulièrement, se retrouvant sur les rochers. Dès la levée de l'alerte rouge, la vie à repris son cours; quelques supérettes et super marché ont rouvert leurs portes, ainsi que les boulangeries qui ont été prisent d'assaut. L'après midi, les gens étaient tous à la plage, et certains même ont fait du kite surf et blanche à voile, comme si rien ne s'était passé. Et voilà, notre 1ère tempête calédonienne est passée. Nous on étataient plutôt relax, car ce n'est pas la 1ère tempête qu'on se prend, la plus terrible a été celle entre le Sénégal et le Cap Vert, qui a duré 3 jours! Vania, c'était de la rigolade.Comme je vous l'ai dit, le plus impressionnant c'était surtout le bruit du vent. Et franchement je préfère affronter les éléments en étant en mer, au moins ont peu toujours jouer avec eux; ficelé à la marina, notre marge de manoeuvre en cas de problème est réduite à néant. Et un grand coup de chapeau aux sauveteurs en mer pour leur remarquable travail pour aider les bateaux en difficultés et ceux qui étaient échoués, aux équipes de la marina de Port Moselle pour leur aide et leur travail pour sécuriser les bateaux.Et au pompiers qui ont du intervenir au plus fort de la tempête, dans des conditions pas terribles. Ainsi qu'au services municipaux car dès la levée de l'alerte ils étaient à pied d'oeuvre pour nettoyer les rues, je n'ai même pas eu le temps de prendre en photo les arbres tombés à la place des cocotiers, car ils étaient déjà débités. Quelques photos de l'extérieur prise samedi après midi vers la Baie des citrons et le rocher à la voile Et en ville devant l'hôpital Bien reste plus qu'à attendre la prochaine!!!!
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