de Tahiti à Nouméa - part IV
Et voilà, après 21 jours de mer, le voyage touche à sa fin. Hélas!!
Nous approchons des côtes Calédoniennes, mais nous ne verrons rien car çà se fera de nuit.
cette dernière nuit sera une des plus éprouvante, malgré une mer relativement peu agitée.
Je n'aime pas être en approche d'une côte la nuit, car on voit pas grand chose.
En l'occurrence, cette nuit là est sans lune et les nuages cachent les étoiles, donc on ne distingue rien de rien, seul point de repère, le phare de Goro qui indique l'entrée du canal de la Havvanah.
Nous sommes tous les deux sur le qui vive. Zhom à la barre et moi aux instruments: radar et carte; la progression du bateau se fait tout doucement, et je ne quitte pas l'ordi des yeux, pas question de quitter la route tracée sous peine de finir tanqué sur les rochers.
En plus, nous arrivons par le bas de la Calédonie qui n'est que très peu habité, donc à part les lumières de l'usine de Goro dans le lointain, il n'y a rien d'autre qui pourrait nous guider.
Une fois le phare dépassé, il faut nous fier aux instruments et surtout aux balises sur la mer: pourvue qu'elles fonctionnent toutes, car la côte est découpée et nous devons faire des zigzags.
J'avoue que j'angoisse quand même.
Mais tout se passe bien, et c'est avec soulagement que nous voyons le jour se lever vers 4h30 du matin.
Là le spectacle est impressionnant! Mais désolé, je n'ai pas le temps de faire des photos.
La côte calédonienne d'un côté, l'île de Ouen de l'autre et nous au milieu de ce passage assez étroit. On se sent tout petit!
Nous continuons notre avancée vers Nouméa, croisant au passage les navettes qui vont à l'île des pins; on salut au passage le Betico sur lequel mon fils a bossé; ils n'en reviennent pas de notre périple!!
Enfin nous arrivons en vue de la côte blanche, que nous connaissons bien car nous y habitons; çà fait drôle de la voir de ce côté là!
Nous en profitons pour affaler la grand voile, en priant pour qu'elle ne se coince pas; mais non, tout est OK, elle a du sentir la maison!!!
Un petit bonheur devant l'îlot canard: un petite tortue verte apparaît entre les flotteurs, comme pour me saluer et me dire bienvenue chez toi.
Un petit souci quand même, car le vent est de travers et assez fort; l'accostage ne va pas être une partie de plaisir!
Nous appellerons la capitainerie à 1/2h d'arrivée, pour leur signaler notre arrivée et surtout demander de l'aide, car avec juste un moteur le bateau n'est pas manoeuvrant dans le port.
Nous sommes attendus par 3 gars et 1 fille, ainsi que par le bateau d'assistance qui nous poussera jusqu'au ponton.
1ère tentative: ratée! un peu par ma faute: à cause de mon épaule, je n'ai pas réussi à lancer le bout correctement et il est tombé à l'eau, nous en sommes quitte pour refaire un tour complet.
2ème tentative: c'est la bonne! A 8h30 du matin ORAVA est ficelé à quai.
Nous sommes consignés à bord tant que l'inspection sanitaire, les douanes et l'immigration ne sont pas passés; mais c'est pas grave, çà nous permet de ranger un peu le bateau et de nous reposer.
Au moment d'éteindre tous les instruments, nous avons un petit pincement au coeur! Et oui, le voyage est bel et bien terminé!
Malgré les galères, nous avons eu de bons moments et nous sommes contents de l'avoir fait; après l'Atlantique, le Pacifique est fait; notre prochain défi?... Le passage du Cap Horn, d'ici 4/5 ans. Mon père en rêvait, j'aimerai bien le faire!!
L'heure est maintenant au bilan et aux réparations.
Les plus urgentes:
le moteur
le groupe froid
le groupe électrogène
Il faut aussi changer:
toutes les drisses
les coulisseaux et le rail de grand voile
Et toute l'électricité à refaire.
En plus, le monde étant très petit et celui de la mer encore plus, depuis notre arrivée, nous voyons des anciens skippers qui ont convoyé notre bateau, ainsi que des gars qui ont bossé dessus.
Et là nous en apprenons de belles: du genre que le bateau s'est crashé sur l'atoll de Rangiroa, et qu'il est resté un an en attente de réparations; qui ont été faite à partir de pièces détachées d'autres bateaux!! Ce que le vendeur s'est bien gardé de nous dire.
Nous qui pensions avoir fait une super affaire, en fait on s'est surtout bien fait avoir!! On comprend mieux maintenant pourquoi le vendeur a accepté si vite notre offre de prix!!
L'électricien que nous avons fait venir, s'est arraché les cheveux devant les bidouilleries de fils et de câbles: il en a pour un mois à tout remettre d'aplomb!
Du coup nous avons décidé d'attaquer en justice le vendeur pour vice caché et mise en danger de la vie d'autrui.
Avec l'aide des avocats de notre assurance; normalement on devrait arriver à se faire payer toutes les réparations, et si en plus on gagne, on peu aussi demander des dommages et intérêts.
Et voilà, la semaine qui vient va être tout aussi fatiguante, car il nous faut déménager l'appartement et tout amener dans le bateau.
Mais le moral est bon et finalement nous sommes contents de notre bateau, car en nav, dès qu'il y a du vent, c'est une vrai flèche! Et puis pour y habiter c'est super confortable.
un pauvre cormoran qui m'a heurté en pleine nuit, pendant que j'étais à la barre! Je vous dit pas la trouille que j'ai eu quand j'ai senti une masse noire me tomber dessus! Le pauvre a dû avoir aussi peur que moi!
Arrivée sur Nouméa
La passe d'entrée à la marina.
Couché de soleil sur le Pacifique; nous en avons toute une collection!!
Ainsi s'achève notre traversée du Pacifique.
22 jours de mer sans voir la terre, nous serons passé trop loin des îles Cook et des Tonga pour les voir.
Un petit regret: ne pas avoir vu de dauphins; mais avec les nappes de pollution que nous avons traversé, c'est pas étonnant.
J'espère que mon récit vous a fait un peu rêver.
Je terminerai par la célèbre phrase d'Eric TABARLY:
La mer a bien voulu me laisser passer.
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